PHOTOGRAPHE – YANNIS NIVAULT – RÉALISATEUR

23 avril 2019

Interview In Situ

Bonjour Yannis,

Si tu devais me raconter qui tu es en quelques phrases, que me dirais-tu?

Et bien … Déjà j’ai un prénom, je m’appelle Yannis (il rigole). Qui je suis? Et bien je suis quelqu’un de plutôt simple, qui pense avoir de bonnes valeurs, je sais être besogneux dans le travail parce que j’aime ça. Je peux être quelqu’un de rigoureux mais toujours dans la bonne humeur (il sourit).

Je suis photographe en premier lieu et puis j’ai un pied dans le film, ce qui est récent, mon fond de commerce c’est l’image.

Si tu devais me raconter ton parcours, que me dirais-tu?

En fait, je ne sais pas réellement comment je suis devenu photographe. Je me suis déjà demandé d’où ça pouvait venir. J’ai fais une analogie avec les figures masculines de ma vie. Le premier moment où j’ai eu un appareil photo c’était lié à mon père. Nous étions partis en vacances à Annecy et je me souviens qu’il avait un appareil argentique que j’ai récupéré depuis, c’est là où j’ai commencé à comprendre comment ça fonctionnait.

Un peu plus tard lorsque j’ai arrêté mes études (dans le sport), j’ai été pion en internat pendant un temps. Il y avait un autre pion de 30 ans de plus que moi. C’est devenu un ami. Il m’a offert son premier appareil photo et on passait du temps à faire des photos et les développer. Ça a duré 2 ans, il m’a transmis le vrai modjo sur la photo. Est arrivé le moment où je me suis dit que j’allais monter à Paris tenter ma chance, le fantasme du provincial (il rit).

J’ai rencontré très rapidement la 3ème personne qui m’a encore plus donné le boost sur la photo en la personne de Bruno Juminer de qui j’ai été 5 ans l’assistant, 24 heures sur 24, quasiment sept jours sur sept et là j’étais réellement assistant photo dans un coté vraiment professionnel.

Pendant que tu me parlais, tu me disais que ta première direction au final ce n’était pas la photo mais plutôt le sport ?

Mon père était très bon footballeur et forcément l’héritage n’a pas été un appareil photo mais un ballon de foot (il rit). J’ai fait beaucoup de foot, de sports en général et je me suis retrouvé en STAPS. Avant cela j’avais tenté des détections pour devenir pro et je n’étais mentalement pas assez bon, à chaque fois qu’il y avait une échéance je me blessais juste avant! Parallèlement j’ai continué mes études au lycée général et je suis parti en fac de sport où je suis resté 3 ans et demi. Á ce moment, j’ai décidé de faire ma 3ème année de spécialisation en tant que professeur d’EPS mais en milieux spécialisés. En l’occurence c’était les institutions pluri-handicap et les maisons d’arrêt et prisons. L’expérience a été très riche mais aussi très plombante et c’est comme ça que j’ai décidé d’arrêter et que je me suis retrouvé pion en internat à ne pas trop savoir ce que je voulais faire .

Si tu devais me donner ton meilleur souvenir de photographe et … ton pire?

La chose qui me vient tout de suite en tête, mais peut-être pas, en tant que photographe mais plutôt réalisateur … J’ai commencé à travailler pour le magazine Citizen K en tant que vidéaste sur les prises de vues, j’avais une approche très photo car je ne connaissais rien en vidéo. Ils m’ont demandé d’aller chez Monica Bellucci pour la filmer ! J’ai passé une heure chez elle – « est ce que tou veux un café ? Mais bien sur Monica! » (il éclate de rire) – Une première expérience stressante mais super agréable.

Le pire c’est dans l’assistanat (il rigole), je me souviens des toutes premières journées d’assistanat où je rentrais chez moi et que je m’endormais en faisant des spasmes (il rit) tellement j’étais crevé!

Si tu devais ne retenir qu’une de tes créations à ce jour, laquelle tu choisirais?

Ce serait de suite du film, mon court métrage: « Plastic Western » . J’aurais voulu que ce soit plus long, j’aurais voulu décupler le truc, j’ai mis beaucoup d’énergie dedans, du temps à m’en remettre derrière, c’était ma première expérience avec une grosse équipe, du gros matériel… C’est un point symbolique de mon parcours .

Si je pouvais réaliser un de tes rêves, lequel serait t-il?

C’est drôle parce que je dis à mes potes pour me marrer, mais il y a un fond de vérité, je leur dit « de toute façon je ne m’arrête pas tant que je ne suis pas assis sur les strapontins du théâtre du Châtelet ». Tu parles de rêve, et bien voilà, les Césars! Je suis vraiment passionné par le cinéma .

Si tu devais me donner un choc artistique vécu, quel serait t-il?

L’expo au Grand Palais de Helmut Newton que j’ai faite deux fois … Je l’ai vraiment dégustée…Mais je connaissais déjà le travail de ce photographe, j’étais averti, donc ce n’est pas réellement un choc artistique … Non… Je vais encore me rapprocher du Cinéma, mais je pense que c’est le film de Wes Anderson : The Grand Budapest Hôtel (2014), ça a été une grosse claque, je me suis dit : Tout est maîtrisé, j’ai envie d’être aussi chef d’orchestre et pouvoir articuler comme je le veux, mon image.

Si tu étais un film, lequel serais-tu ?

Ce serait: De battre mon coeur s’est arrêté, de Jacques Audiard. J’avais le poster au dessus de mon lit, l’affiche était très graphique, c’était beau .

Si tu devais me livrer ta plus grosse bêtise d’enfant ?

Ça remonte jusqu’à quand l’enfance ? (il éclate de rire). Je me souviens d’un truc. Je suis d’une nature assez curieuse et tout gamin, j’avais 7 ans, je me suis retrouvé seul dans ma chambre, mon père était en train de prendre sa douche. J’avais récupéré un briquet et j’avais une corbeille en plastique pleine de papiers … J’ai voulu voir comment ça fonctionnait, j’étais un peu intrigué… J’ai commencé à allumer un petit bout de papier, je l’éteignais , je rallumais et à un moment donné l’incandescence était telle que ça s’est emballé et je suis arrivé avec la corbeille en feu dans le salon où était ma mère qui, après avoir éteint le feu, a menti à mon père en prétextant que c’était la pyrolyse du four qui avait généré cette fumée et cette odeur!

Si tu étais un des sept péchés capitaux, lequel serais-tu ?

Je t’aurais dit colère il y a quelques temps …. Ce serait l’envie désormais!

Si tu étais un super héros, lequel serais-tu?

J’aime bien Iron Man parce qu’il a plein de gadgets et puis il reste assez normal le garçon (il rit), il a un peu de pognon, il est bien le mec , il est élégant .

Si tu devais te projeter en 2050, d’après toi, que réaliserais-tu à ce moment là?

Elle est compliqué cette question, je sais pas trop! J’aimerais déjà avoir ne serais ce que 15 secondes pour savoir ce qu’il adviendra …On vit dans une société qui bouge beaucoup, trop, vite et en terme d’environnement est-ce qu’on aura des voitures à la « Cinquième Elément », est -ce qu’il y aura des trottinettes partout (il rit)… Ce serait plus de l’ordre du souhait du coup et forcément, les Césars, quelqu’un de renom, juste Nivault au milieu des grands noms (il éclate de rire). Non plus sérieusement ce serait contribuer au travers de films sociaux à faire le bien autour de moi …Etre plus responsable …

Si tu devais me citer des nouvelles technologies qui t’inspirent pour l’avenir?

Dernièrement j’ai fais un job avec les captations par des drônes et ça ouvre le champ des possibles au niveau des mouvements caméra, c’est assez fascinant… A réintroduire dans un film pour des plans de coupe…. Ça je pense que dès que j’ai un peu les moyens, je vais m’y intéresser au plus prêt.

Si tu partais sur une île déserte, qu’emporterais-tu?

Du fromage!!… Ou du chocolat ! (il rit) … Non plus sérieusement … Symboliquement …Une bague que ma grand mère m’a offert, mais bon tu deviens vite maigre avec une bague ….(il rit) …Ou j’emmènerais Mike Horn (explorateur-aventurier) tout simplement, comme ça « open bar », le truc ça devient un resort, il te fait tout! (Il éclate de rire).

Et Dieu créa la femme, si tu étais Dieu que créerais tu?

Je pense que ce serait un truc un peu collectif, par rapport à toutes les montées des extrêmes, la question de la santé publique, l’environnement… Si j’avais le final cut, j’aimerais trouver une solution à ça , qu’on ne brule pas dans 20 ans parce qu’il fait trop chaud …

Et enfin, Qu’est ce que je peux te souhaiter de meilleur pour la suite ?

La réussite, la santé, des trucs un peu généraux . Vu que je suis très focus sur mon « plan carrière », c’est la réussite et que je ne sois pas malade une fois que j’ai réussi, tout de suite quoi…Ce serait con (il rit). Je veux quand même profiter de la vie !

Merci Yannis !

https://www.yannisnivault.com/

Caroline Seroussi