Salut Caroline, et bien Florent Drillon, je suis photographe, je fais aussi des essais de cinéaste mais pour l’instant je ne me définis pas comme cinéaste. Dans la photo depuis…une quinzaine d’années.
Si tu devais me dire comment tu as découvert la photo ?
Je dirais que c’est assez tardivement quand même. J’avais à peu prêt 20 ans et c’est dans le cadre de mes études à Sciences PO. Je suis parti un an à Montréal et mon père m’avait filé un appareil photo. J’ai commencé vraiment la photo à ce moment là. Je faisais des études de journalisme et la photo journalisme m’attirait, j’ai donc fait des photos de manifs mais aussi d’architecture … enfin voila explorer une ville. J’avais besoin d’être dans un nouvel endroit, cet endroit un peu américain et puis cet outil, un petit argentique, un 50 et … basta quoi (Il sourit).
Et du coup, à partir de là, comment en es tu venu à en faire ton métier?
Et bien à partir de là, je suis rentré à Lille pour finir mes études, que j’ai foirées…(il sourit), j’aurais peut être fait un truc dans la culture mais pour le coté académique… Du coup, je me suis dis et bien la photo, banco, on y va . J’ai donc fait une école de formation professionnelle en un an et après j’ai eu la chance de rencontrer un photographe, Bruno Juminer. Je suis arrivé au bon moment, son assistant partait, j’ai pris sa place et j’ai passé 4/5 ans avec lui en tant que photographe de mode. Moi je ne connaissais rien à la photo de mode, mais j’ai beaucoup appris, j’avais quasiment jamais foutu les pieds en studio et bon…voila. Ce n’est pas ce qui m’intéressait le plus, mais c’est la lumière et la lumière est partout, après il y a le coté page blanche qui peut un peu m’effrayer mais bon, en tout cas, j’ai appris beaucoup et j’ai rencontré des gens, qui petit à petit, m’ont fait bosser sur des makings off, sur des portraits. J’ai appris des choses techniquement et je me suis créé un petit réseau.
Ton style photographique, est très photo reportage, dans le vif, presque filmé; comment, après l’apprentissage auprès de bruno Juminer de la photo en studio, en es tu venu à ça?
En même temps, mon premier amour de la photo a été de découvrir une ville, l’explorer, chercher l’étonnement, les couleurs, les lignes . Je ne sais pas si je suis très bon pour construire quelque chose, je veux dire, le studio, la page blanche… Au contraire je me nourris de la rue, des endroits qui sont là et donc, j’explore pour cadrer .
C’est donc venu à toi quasi par vocation en fait, ce n’est pas quelque chose que tu as décidé ?
C’est venu naturellement. Après c’est ce que j’aime le plus, même si j’aime aussi le portrait, un petit plus posé. Au début j’étais fasciné par les photos reporters, peut être que j’aurais adoré être photographe de guerre, c’est ce qui me fascinait le plus. Après j’ai découvert l’univers de la mode (il rit) qui était quand même plus cool … je sais pas … je dois être entre les deux (il sourit).
Tu fais des films, et dernièrement tu as filmé Leïla Bekti pour Citizen K et Vincent Cassel pour Icon, est ce que tu vas te diriger de plus en plus vers le film?
Honnêtement je ne sais pas, je pense que ça dépend encore une fois des rencontres et des hasards de la vie.
Et si tu devais faire ce que tu veux toi?
Heu… je suis quand même très attaché à ce coté solitaire de la photo de rue notamment, j’aime bien de temps en temps collaborer avec des gens, mais j’aime bien aussi être tout seul et chercher mon truc . C’est peut être ça qui dans le film est plus compliqué, mais c’est vrai que c’est génial … C’est vrai que tout de suite , il y a la musique qui arrive … je m’amuse en vidéo à découvrir de nouveaux outils, de nouveaux appareils, des outils de stabilisation…Je suis moins expert en vidéo, car je débute mais en effet je commence à m’amuser (il sourit)
Si tu devais choisir une photo de toi, laquelle serait-elle et pourquoi?
C’est une bonne question … Je pense à une photo que j’ai faite à 100 mètres de chez moi. C’est un vieil homme de dos qui a sa main dans le dos, qui est crispé…je sais pas…il y a un truc bizarre…il se passe quelque chose… Je ne sais pas pourquoi je pense à celle là mais c’est la photo qui est faite le plus prêt de chez moi . Elle a une force, un truc de malaise, une émotion.
Si tu devais me livrer ton meilleur et ton pire souvenir professionnel, quels seraient t-ils ?
Humm… Le meilleur… Je pense à mes années d’assistant avec Bruno… Au bout de 2 mois on était à Miami, il y a eu un ouragan qui arrivait donc on est parti à los Angeles, on s’est retrouvé dans une vieille station service dans le désert, ça c’était quand même un énorme kiff. Une autre fois avec lui où j’étais sur un catamaran à Sainte Lucie aux Caraïbes… Là tu te dis que c’est un métier quand même pas mal (il rigole). L’année dernière j’ai photographié et filmé des blogueuses en Corse, pareil avec un grand bateau et tout ça, c’est des moments agréables… Même si ce n’est pas le type d’images qui me caractérisent et dont je me souviens mais c’est sympathique quand même!
Tu ne m’as rien dit sur le pire ?
Il y en a quelques uns ! Bah ! Justement mon premier job avec Bruno, je fais tomber un rouleau de gaffeur du sixième étage…Ça aurait pu être la fin d’une belle histoire (il rigole). Mon premier job de vidéo pour Citizen K, je branche ma carte mémoire, mon ordinateur se coupe, la carte est niquée…Voilà… C’est déjà pas mal non ? (il rigole)
Si tu devais me donner un endroit où tu as shooté et qui t’a marqué ?
Rien d’exceptionnel mais c’est aussi le contexte, c’est à Paris, un endroit qui s’appelle Le Comptoir Général qui est un peu de style tropical, que j’avais loué pour photographier des amis musiciens, c’était un peu personnel comme shoot… Enfin, en tout cas, le décors est génial et le fait de bosser pour des amis donne une pression différente, on a vraiment envie de bien faire …
Je sais par le biais de tes photos que tu as quand même voyagé. Du coup, une culture, un pays que tu aurais découverts et que tu aurais particulièrement appréciés ?
Je pense à Tokyo où je suis allé il y a 3 ans. C’est un endroit où j’avais envie d’aller depuis longtemps, je ne sais pas pourquoi mais … Parce que j’aime la vie, le coté hyper urbain m’excitait. Là-bas quant on est paumé on est vraiment paumé et ça fait parti du charme aussi, on est encore plus dans sa bulle et les gens ont une telle retenue que l’on peut les photographier, ils ne diront rien, on peut s’en donner à coeur joie. J’ai arpenté la rue et j’en ai tiré de nombreuses photos. J’aimerais bien y retourner ….
Si tu devais me donner un choc artistique que tu as vécu, lequel serait-ce?
Humm…Je vais revenir à mes premieres amours de photos de rue, c’est un photographe Belge : Harry Gruyaert. En fait c’est un des premiers photographes dont j’ai connu le travail au travers d’un magazine photos qui trainait chez moi quand j’étais jeune. C’est une des premières rencontres avec la photo où je me suis dit : Whaouu c’est fort ça, j’aimerais bien faire ça.
Si tu étais un film, tu serais lequel?
J’aime bien les épopées, que ça monte, que ça descende … Casino, oui Casino, il se passe plein de choses (il sourit) .
Si je pouvais réaliser un de tes rêves ?
Ce serait sympa déjà! (il rigole). Je sais pas … Faire que je sois un peu moins timide et que je rate pas mes images … Un petit quart de timidité en moins …(il sourit).
Quel a été ta plus grosse bêtise d’enfant ou d’ado ?
Une belle bêtise … Hummm… Je sais pas trop … Il y en a quelques unes mais je ne sais pas si c’est très avouable (il rigole)
Si tu étais un des sept péchés capitaux lequel serais-tu?
Hum! j’hésite entre la paresse et la gourmandise… La paresse c’est agréable, c’est un des plaisirs de la vie … Mais je vais dire la gourmandise parce que j’ose pas dire la paresse (il rigole).
Quels sont tes projets dans les deux ans à venir ?
Refaire un ou deux beaux voyages qui me nourriraient , peut être l’Asie encore, Hong Kong … Trouver un peu d’essence, un peu de piment …
Si tu étais un super heros lequel serais-tu ?
Batman. Il a plein de jouets, il est assez discret ! (il rigole)
Qu’emmènes-tu sur une Ile déserte ?
Pas très original mais je vais dire un boitier, quelques livres un peu interessants, un masque de plongée, des lunettes de soleil et puis voilà c’est parti!