L’INTERVIEW DU MOIS – LE PIRE DU MEILLEUR DU PIRE – FEVRIER 18

13 février 2018

FEVRIER 2018 – SOPHIE BADENS – PHOTOGRAPHE

 

Ton pire souvenir de débutant ? 

« À l’époque de l’argentique, mon premier boulot de commande, j’ai ce qu’on appelle, « cramé » mes films . C’est-à-dire que tu arrives au labo et le mec t’attend avec une tête déconfite, avec ton petit bout de test qui est blanc avec un vague trait qui ressemble à une silhouette, et là, il te dit : « on va avoir du mal à récupérer ça quand même … »

La meilleur exposition que tu ais vue à ce jour ?

« Celle qui a marqué quelque chose pour mon travail, c’est Nan Goldin à la Fondation Cartier (The Ballad of sexual dependency 1982-1995). Un diaporama où j’ai pris une claque et où je me suis dit : « finalement on peut parler de sa vie et ça peut être de l’art. » »

« The ballad of sexual dependency » Nan Goldin

La pire critique que l’on t’ait faite? 

« le truc qui ne veut rien dire et qu’on entend souvent : « vous êtes trop artistique »

La meilleure chose que tu aimerais que l’on dise de toi?  

« Oh mon dieu… Que je touche quelque chose d’universel, que l’on parle de mes photos visuellement, d’accord, mais que l’on parle aussi du coté psychanalytique »

Le pire cauchemar du photographe?

« Manquer d’inspiration, mais c’est au-delà de ça, c’est se retrouver devant un modèle, puisque moi je prends des gens en photo,  où tu ne peux rien en tirer, la personne ne bouge pas, ne fait rien, ne ressent rien et là tu peux ramer des heures, c’est la page blanche de l’écrivain  »

Ta meilleure anecdote de shooting ? 

« ouh là … bah …. je vois pas là … »

Le pire endroit pour faire une photo d’après toi ?

« Il n’y a pas de pire endroit, mais il y a une pire lumière. C’est quand tu commences à avoir une lumière plate ou grise ou pas de lumière. Là, on est mal barré. Non ce n’est pas lié à l’endroit, car n’importe quel endroit peut être sublimé, peut avoir son intérêt au fond, avec un angle, une bidouille, un truc comme ça, mais la lumière quand tu ne l’as pas, c’est compliqué. »

La meilleure photo que tu ais faite à ce jour d’après toi? 

 » Il y en a une que j’ai faite il y a très très longtemps, qui faisait partie de mon premier travail, un pola noir et blanc d’une amie peintre Virginie. C’est une photo que je mets souvent en avant. C’était à l’époque du pola et des plexis et c’est la photo qui a été choisie par ma Galerie (la Galerie Adler) pour être mise aux enchères. Elle résume bien mon univers de travail.

 

La pire appréciation d’un professeur ? 

 » Peut mieux faire, le truc où tu te dis « ça ne veut rien dire »  »

Ta meilleure note ?

Je ne me souviens pas d’une note, mais je me souviens d’appréciations de professeurs qui, eux, m’ont guidées. Par exemple,  j’avais environ douze ans et j’avais un professeur d’Education Artistique pour qui j’étais un peu la « chouchoute » sans trop savoir pourquoi car c’était quelqu’un de très sévère, très froid. Il avait décidé de me pousser et j’ai senti qu’il y avait peut être quelque chose de particulier, de spécial, dans ce que je faisais. »

Le pire qui puisse t’arriver en tant que photographe?

 » De perdre la vue  »

Et que peux t-on te souhaiter de meilleur ? 

« De travailler comme Louise Bourgeois »

Merci Sophie

 

K@Ro’Online

 

Photos Sophie Badens – Retouches Chic-paris